Nous avons le regret de vous faire part du décès de la docteure Danielle SAINTE ROSE, ancienne cheffe de service de gynécologie de la Maison de la femme de la mère et de l’enfant (MFME), à l’âge de 71 ans.
Une contribution à la Ligue contre le cancer lui ferait plaisir.
Danielle SAINTE-ROSE fut portée dès son plus jeune âge vers la chirurgie. Attirée par la chirurgie pédiatrique, elle y renonça à cause de sa trop grande sensibilité face à la souffrance des enfants malades et opta finalement pour la chirurgie adulte spécifiquement en gynécologie. Elle fut éternellement reconnaissante à son cher patron, le Pr Robert de tout ce qu’il lui inculqua au cours de son internat et de son clinicat qu’elle effectua dans son service. Rares étaient, dans le Paris d’alors, les femmes chirurgiennes, elle sut dépasser le sexisme de l’époque.
Elle rentra en Martinique et n’ayant pas pu intégrer le service hospitalier qu’elle convoitait, exerça un temps en libéral. Puis elle fut sollicitée par l’hôpital afin de créer son propre service de gynécologie obstétrique après scission du service existant. Rompant avec la pratique antérieure de confier les opérations mammaires et gynécologiques à des chirurgiens généraux, Danielle Sainte-Rose, développa ainsi en 1988 à l’hôpital Victor Fouche, le service de chirurgie gynécologique. Révolution dans la prise en charge que d’offrir aux femmes insulaires, une chirurgie mammaire et pelvienne réalisée par les gynécologues. Elle fut soutenue pour ce projet innovant par des médecins libéraux vacataires, dans l’organisation et structuration de ce nouveau service (les docteurs Frantz Blérald, Huguette Charpentier-Bathilde, Christiane Dispagne, Charles Jean-Laurent, Nabil Mansour, Georges Ravoteur,…) ainsi que le Dr Schaub, praticien hospitalier à temps plein en charge de l’obstétrique. Danielle Sainte-Rose, précurseuse, développa la chirurgie onco-gynécolologique (cancers du sein, du col de l’utérus, de l’endomètre, de l’ovaire), seule puis à partir de 1993 aux côtés de Gaël Wan-Ajouhu. Puis, elles initièrent la tenue de staffs médico-chirurgicaux en cancérologie gynécologique et mammaire. Ces réunions de concertations furent par la suite rendues obligatoires à l’échelon national. Le service déménage de l’hôpital Victor Fouche sur le site de la Maison de la Mère de la Femme et de l’Enfant (MFME). En 2008, l’équipe s’étoffe de deux jeunes chirurgiens les docteurs Mehdi Jean-Laurent et Aymeric Guillaume Pollet. Ce sont les débuts de la chirurgie oncologique dite « lourde » en partenariat avec le service du Pr Eric Leblanc du CHU de Lille. Le pôle obstétrical sera administré par le docteur Jean-Luc Voluménie, son élève tandis que le docteur Bruno Schaub poursuit le développement du centre pluridisciplinaire de diagnostic anténatal (CPDP).
Danielle Sainte-Rose consacra sa vie à l’exercice d’une médecine profondément humaniste et lutta sans relâche à maintenir la qualité des soins. Nombre de patientes furent sauvées grâce à sa dextérité opératoire ou le soutien qu’elle prodiguait à son équipe avec une amplitude horaire incroyable. Cette « Cheffe » extraordinaire, comme aiment à l’appeler ses élèves aujourd’hui, ne brigua aucun titre. Sa carrière hospitalière fut abruptement interrompue en 2014 lorsque survint la maladie. En 2022, le trophée Moris lui est décerné pour son engagement en cancérologie. Le Dr Mehdi Jean-Laurent est alors, comme elle le souhaitait, chef de service à sa suite.
Outre la vaillance et la pugnacité qu’elle employait à maintenir le niveau des soins qu’elle visait, son caractère se distinguait par une franchise peu commune et une élégance relationnelle unique, avec son équipe, ses élèves, les patientes. Tous ceux qu’elle côtoyait au travail, elle les nommait « ma doudou, ma chérie », y compris les patientes pour lesquelles elle avait une empathie hors du commun. Elle insuffla outre la maitrise de la technique et la joie d’exercer, le courage de poursuivre, son amour (du métier, de l’autre et du vivant), jusque dans la maladie.
Déjouant tous les pronostics médicaux, son grand bonheur fut de vivre et d’accueillir trois petits enfants.
Figure tutélaire passionnée, Danielle Sainte-Rose laisse un grand vide. Sa force et son courage invitent les soignants, les institutions, les territoires à offrir une médecine exigeante, humaine, coordonnée, consciente de ses limites et perfectible toujours.
Que l’hommage qui lui soit rendu soit à la hauteur du leg qu’elle transmet et de son engagement total pour la Martinique.
Les obsèques ont été célébrées le jeudi 31 aout 2023 à l’église du Sacré-Cœur de Balata en présence des familles Sainte-Rose, Arbonnel, Jean-Philippe, de ses enfants de cœur, de ses filleuls, ses ami.e.s et allié.e.s, collègues et du personnel du service de gynécologie.
Une messe de sortie sera prononcée le 8 septembre à 6h15 en l’église du Sacré-Cœur de Balata.
Le CHU de la Martinique lui rend hommage le 8 septembre entre 12 et 14h (hall de la MFME).
Les docteures Aurélie Merlin, Christiane Dispagne, Gaël Wan-Ajouhu,
en mémoire de leur consœur et amie Danielle, pour l’Union Régionale des Médecins Libéraux (URML).