La leptospirose est une zoonose bactérienne particulièrement fréquente dans les régions sujettes aux inondations et aux fortes pluies.
En effet, les leptospires peuvent survivre pendant 6 mois dans l’environnement en zone humide et tiède.
En 2011, les estimations d’incidence en Martinique (61 cas/100 000 habitants*) et en Guadeloupe (69 cas/100 000 habitants*) étaient près de 70 fois supérieures à celle de la France métropolitaine (0,9 cas/100 000 en 2016**). Les cas surviennent tout au long de l’année, mais la majorité est identifiée de juillet à novembre, période qui correspond à la saison des pluies aux Antilles.
Notions générales
La leptospirose est causée par une bactérie appartenant à la famille des Leptospires (plus de 300 sérovars pathogènes rassemblés en 24 sérogroupes), avec un sérogroupe identifiée de façon prédominante aux Antilles, Icterohaemorragiae.
Cycle de transmission et expositions à risque
La contamination se fait :
- soit directement par contact direct de la peau (en particulier si elle est lésée) ou des muqueuses avec des urines ou des tissus d’animaux infectés (rongeur et insectivore, chien, bovin, porc, animaux de compagnie, etc…) ;
- soit indirectement par l’intermédiaire de milieux extérieurs (eau, sol, boues) souillée par ces urines contaminées.
Présentation clinique et évolution de la maladie
La leptospirose est caractérisée par son polymorphisme, allant d’une forme asymptomatique ou modérément fébrile et spontanément résolutive, jusqu’à une forme fatale foudroyante. Un patient avec un antécédent de leptospirose peut contracter de nouveau la maladie par contamination avec un autre sérovar.
La présentation clinique de la leptospirose est extrêmement variée, allant d’un syndrome grippal bénin dans la majorité des cas jusqu’à un tableau de défaillance multiviscérale (hépatorénale) potentiellement létale.
Dans son expression typique, la leptospirose débute après une incubation de 5 à 20 jours, par l’apparition brutale d’une fièvre élevée (en général >39°C), accompagnée de douleurs musculaires, articulaires, abdominales et de forts maux de tête.
La maladie peut s’aggraver 4 à 5 jours après les premiers signes et s’étendre au foie (ictère), aux reins, aux poumons, et aux méninges.
Les séquelles possibles consécutives à la leptospirose sont de la fatigue chronique, des symptômes neuropsychiatriques (parésie, dépression) et occasionnellement une uvéite.
Une infection par la leptospirose peut en cas de grossesse conduire à la mort foetale, à un avortement, à une morti-naissance ou à une infection congénitale.
Enfin, le taux de létalité rapporté varie globalement entre 5 et 30 %, plus de 10 % si présence d’une insuffisance rénale aiguë et à plus de 50 % en cas d’hémorragie pulmonaire.
Diagnostic
e diagnostic de la leptospirose repose essentiellement sur :
- Arguments cliniques
- Arguments épidémiologiques (activités/expositions à risque)
- Arguments biologiques: syndrome inflammatoire, thrombopénie, lymphopénie, hyper bilirubinémie conjuguée, augmentation des transaminases associée à celle des CPK, insuffisance rénale et hématurie, leucocyturie, protéinurie.
Confirmation biologique : Elle repose sur des examens génomiques (PCR en en temps réel) ou sérologique (test de dépistage Elisa des IgM) et/ou test de micro-agglutination test (MAT). Seul ce dernier test MAT permet d’identifier le sérogroupe.
Stratégie diagnostique : Elle dépend du délai entre la date de début des signes et la date de réalisation du test.
- De J1 à J9 après la date de début des signes : PCR sur sang et/ou LCS et Elisa IgM sur sérum (deux prélèvements différents) ;
- A partir de J10 après la date de début des signes : PCR sur urines et/ou LCS et Elisa IgM sur sérum (deux prélèvements différents) ;
En cas de résultat négatif de la PCR et en cas de sérologie IgM négative ou faiblement positive, contrôler la sérologie IgM à au moins 3 jours après le premier prélèvement.
Signalement
Tout cas de leptospirose confirmé biologiquement doit faire l’objet d’un signalement immédiat par le biologiste ou le médecin à la plateforme de veille, d’alerte et d’urgences sanitaires des Agences de santé de Martinique et Guadeloupe, afin de :
- Mettre en oeuvre des investigations épidémiologiques et environnementales et des mesures de contrôle (lutte contre les rongeurs et actions de sensibilisation) (signalement).
- Recenser et caractériser les cas, suivre les tendances, alerter précocement les autorités sanitaires en cas d’une recrudescence inhabituelle de cas groupés ou de formes cliniques particulières (surveillance épidémiologique).
Contact Martinique
Tél : 0820 202 752 Fax : 0596 39 44 26
Courriel : ars972-alerte@ars.sante.fr
Préconisations et prévention
Antibiotique précoce : efficace sur tous les sérogroupes. Pas d’antibiorésistance identifiée à ce jour. Réduit la durée et la sévérité des symptômes.
Forme grave : hospitalisation, réanimation médicale, et antibiothérapie le plus tôt possible.
Vaccin : expositions professionnelles ou au cas par cas, après évaluation précise des risques (cf. liens utiles, avis HCSP 18/03/2005 )
Le Dispositif Intégré de Surveillance et de Prévention (DISP) de la leptospirose prévoit les actions de gestion et de prévention à mettre en oeuvre dans le cadre des différentes situations épidémiologiques de la maladie.
Quatre situations épidémiologiques ont été identifiées et structurent les interventions :
- survenue de cas sporadiques;
- survenue de cas groupés;
- recrudescence saisonnière;
- recrudescence suivant un phénomène naturel de grande ampleur.
A chacune des situations correspond des interventions, des actions de prévention et de communication ciblées définies en concertation avec l’ensemble des partenaires. Le document de présentation du DISP leptospirose sera diffusé prochainement auprès de l’ensemble des acteurs impliqués dans le contrôle de la maladie.
Prévention du risque leptospirose en relayant les conseils suivants auprès de vos patients. Des gestes simples peuvent être réalisés en particulier pendant la saison des pluies :
- Porter des protections lors des activités agricoles (élevage, travail de la terre, travail dans les champs de canne, etc.) et de jardinage, de pêche en eau douce : bottes, gants, cuissardes, vêtements de protection, voire lunettes anti- projections en cas de risque de projection.
- Lors de la pratique de sports en eau vive tels que le canyoning, porter une combinaison protectrice, des bottillons et des gants.
- Eviter de se baigner dans l’eau trouble ou boueuse et éviter les bains de rivière après de fortes pluies.
- Eviter de marcher pieds-nus ou en sandales ouvertes sur un sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines…
- Protéger les plaies du contact de l’eau par des pansements étanches.
Après une exposition à risque :
- Laver et désinfecter les plaies.
- En cas de fièvre après une exposition a risque, consultation médicale en mentionnant l’activité à risque pratiquée.
Source : Santé Publique France – Cellules Antilles
Recommandations
Recommandations pour la prévention de la leptospirose en population générale (30 septembre 2005)